Comment l'approche biologique, anthropologique et génétique peut-elle conforter le concept de race ou au contraire en prouver l'invalidité?
"Les individus, tous différents par leur
patrimoine génétique, en raison du mécanisme de la
reproduction sexuée créant toujours de nouvelles combinaisons,
sont peu à peu modelés par des aventures personnelles qui
accentuent encore ces différences. Ils ne peuvent, pour autant,
être classés selon une échelle de valeur, du moins bon au
meilleur." Albert Jacquard, Au péril de la science, Seuil, 1982. |
Apport de la génétique
Au début du XXe siècle, la génétique fonde l'analyse
non plus sur les caractères physiques de classement mais
sur les caractères transmissibles par l'hérédité.
Les néo-darwiniens veulent faire la synthèse entre la
théorie de l'évolution et les mécanismes
génétiques de transmission du patrimoine biologique,
découverts en 1865 par Gregor Mendel (1822-1884).
Peut-on alors donner une définition au concept de race? Ce serait
"un ensemble d'individus ayant une part
importante de leur gènes en commun et qui peut être
distingué des autres races d'après ces gènes".
Pour qu'une telle "race" puisse exister,
il faudrait qu'elle vive dans un isolement total pendant des centaines de générations,
dans un appauvrissement génétique progressif dû à
son absence de diversité.
Détournement idéologique
C'est donc par leur seul dérive idéologique que
l'anthropologie et la génétique ont pu servir de véhicule
au racisme. Les développements actuels des sciences du
vivant ont invalidé la notion de race et les catégories
hiérarchiques aberrantes du "racisme scientifique". Par contre, les
mêmes progrès sont porteurs de
risques. L'eugénisme est désomais possible.
On peut transformer
le vivant, créer des espèces mutantes, et donc
détourner la science biomédicale de la
thérapie. Certains sociobiologistes prétendent que les
avancées de la connaissance permettent aujourd'hui de dire que
le comportement d'un être humain est commandé par son capital
génétique.
S'il est nécessaire d'ôter au mot eugénisme sa charge
historique et sa connotation politique, on ne peut pas pour autant absoudre son
détournement possible. Au vu des études des sciences
biomédicales,
certains mettent en cause
des principes politiques d'égalité dans l'organisation
sociale des sociétés démocratiques. C'est pour
penser ces questions en terme d'éthique et de droit
que des comités d'éthique
médicale ont été créés dans les
pays démocratiques.
Le racisme repose sur un paradoxe de la raison: la volonté de classer, de penser en terme de théorie, confrontée à l'effet pervers de cette quête intellectuelle quand celle-ci légitime le rejet de l'autre. |
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