"Être français ça se mérite", est un slogan du Front national au début des années 90. L'histoire de France s'inscrit dans des pages de gloire mais aussi parfois d'infamie. Être français, être citoyen, c'est d'abord faire le choix entre les symboles opposés: Manouchian ou Laval? René Char ou Robert Brasillach? Résister ou collaborer aux thèses racistes?
"C'est vrai pour les hommes comme ça l'est
pour les chiens car qui ne se félicite de voir exister dans la race
canine des formes aussi différentes que le bouvier des Flandres, le
berger allemand, le teckel, le bouledogue ou le caniche? Que penserait-on du
mélange de toutes ces races, de ce chien antiraciste?" J. Marcilly, Le Pen sans bandeau, Grancher, 1984.
"Je ne peux pas dire que la Suisse est aussi grande
que les États-Unis. Je ne peux pas dire que les Bantous ont les
mêmes aptitudes que les Californiens. Beaucoup de pays que l'on qualifie
de sous-développés sont en fait sous-capables". Jeanne d'Arc En s'appropriant Jeanne d'Arc, qui a bouté les étrangers/Anglais hors de France, le Front national détourne une figure nationale de l'Histoire, pour l'inscrire symboliquement dans la panoplie nationaliste et xénophobe. |
"Vous pensez qu'elle (Simone Veil) se sert du fait
qu'elle a été internée dans les camps de
concentration? - Oh, elle joue de la mandoline avec ça, mais elle en est revenue? Et elle se porte bien... Bon, alors quand on me parle de génocide, je dis en tout cas ils ont raté la mère Veil!" Interview de Claude Autan-Lara, député européen FN, Globe, septembre 1989. |
La Nouvelle Droite
Le succès du Front national ne saurait être attribué qu'au seul
militantisme de ses adhérents ou au talent oratoire de son
président.
Avec la disparition du Général
de Gaulle en 1970 prend fin la part de l'histoire portée par les héros de
la Résistance.
Profitant du climat culturel amnésique et confus des années 70,
("CRS SS"),
on est passé du mythe de la Résistance à son renversement.
Dans le vide laissé par l'effondrement
du communisme en 1989 s'engouffre le scepticisme
de la Nouvelle Droite émergée pendant l'été 1979.
La droite libérale qui a perdu le pouvoir, y trouve, dans les années 80,
un ressourcement idéologique certain.
La critique du système démocratique au nom d'un
projet biopolitique inégalitaire,
la surenchère sécuritaire, la
dénonciation des menaces immigrées pesant sur l'identité
française, la réécriture ou l'esthétisation de la
période de Vichy, ce nouvel ensemble peut se lire,
à ce moment-là, non seulement dans la presse d'extrême droite
mais aussi dans le Figaro Magazine.
Plus récemment, et sur un autre bord, les révélations sur la
jeunesse vichyste de l'ancien président de la République,
François Mitterrand, ont ajouté au trouble. La gauche ayant
ancré son soc idéologique dans l'antifascisme, ce passé
brutalement révélé a contribué à fausser les
repères ou les mythes.
La France est aujourd'hui le pays d'Europe occidentale qui a le parti politique d'extrême droite le plus puissant. Si sa représentation parlementaire reste faible, son poids idéologique est fort et menace l'idéal républicain. |
____________________________
Server / Server
© Michel Fingerhut 1996-2001 - document mis à jour le 09/11/1998 à 18h19m21s.
Pour écrire au serveur (PAS à l'auteur)/To write to the server (NOT to the author): MESSAGE