En octobre 1995, une marche sur Washington rassemble près de 400 000 Noirs américains. La question noire revient au premier plan de l'actualité aux États-Unis. Cette communauté se replie sur son identité.
"Question Oncle Sam, je suis un Noir d'Alabama Tu m'as demandé de prendre ce fusil Pour toi et la liberté Mais oncle Sam, et moi dans tout ça? Je suis un Noir d'Alabama Et si je reviens de cette guerre pour la liberté Pourrais-je en rapporter un peu chez moi en Alabama?" Charles L. Anderson. Poète noir américain, né en Californie en 1938. New sum of poetry from the negro world. Revue Présence Africaine, N° 57, Paris, 1996. |
De l'esclavage à Martin Luther King
L'histoire des États-Unis est indissociable de celle de l'esclavage des Noirs
dans le sud de l'Union. Dès le XVIIIe siècle, le mouvement
abolitionniste prend de l'essor à mesure que croissent les tensions
économiques entre un Nord industriel et un Sud agricole qui a besoin des
esclaves pour le travail du coton. D'importantes révoltes d'esclaves
ponctuent l'histoire de la construction des États-Unis. Des alliances
se sont même nouées entre esclaves noirs en fuite et Indiens, unis dans
une même haine de l'homme blanc.
La guerre de Sécession (1861 - 1865)
permet l'émancipation
des esclaves par Abraham Lincoln. Ils sont
certes émancipés en droit mais la ségrégation raciale
vient recouvrir la ségrégation sociale pour une population noire
misérable. Les anciens esclavagistes se retouvent au sein du
Ku Klux Klan, société secrète fondée dans le
Tennessee en 1865, destinée à terroriser les Noirs. Il
"I have a dream" Martin Luther King a prononcé, le 28 août 1963, cette phrase devenue célèbre à l'occasion de la Marche sur Washington: "J'ai fait un rève. Je rêve qu'un jour sur les rouges collines de Géorgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens maîtres pourront s'assoir ensemble à la table de la fraternité".Martin Luther King est assassiné le 4 Avril 1968 à Memphis. |
Du melting-pot au repli communautaire
Si l'égalité des droits est aujourd'hui formellement
acquise, les différences sociales marginalisent dans d'immenses ghettos
les groupes ethniques pauvres. L'Amérique du Nord
voit se développer dans un climat croissant de violence urbaine
une juxtaposition de communautés ethniques pour lesquelles le
melting-pot n'opère plus. À la revendication des droits
civiques succède désormais une rétraction
défensive et communautariste qui menace la cohésion de la
société américaine. Un mouvement comme celui de Lewis
Farakhan, Nation of Islam, loin de prôner l'intégration,
milite pour une identité noire inscrite dans l'Islam et violemment
teintée d'antisémitisme.
En 1988, le pasteur noir Jesse Jackson est candidat à la présidence
des États-Unis. Pour la première fois, la "deuxième Amérique" s'affirme
au plus haut niveau du débat américain. En trois siècles, trois
millions d'Africains déportés depuis leur terre d'origine ont fait la
richesse et la puissance des États-Unis par leur travail forcé.
Les États-Unis n'ont pas encore réussi à intégrer les descendants des esclaves affranchis après la guerre de Sécession. Le repli des communautés ethniques menace l'idée même de nation. |
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