© Michel Fingerhut 1996/7 ^  

 

Jacques Tarnero:
Le racisme (10)
ISBN 2.84113.279.X © Éditions Milan 1995
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Nous remercions Jacques Tarnero et les Éditions Milan de nous avoir autorisés à reproduire ces textes.

Les Noirs d'Amérique

En octobre 1995, une marche sur Washington rassemble près de 400 000 Noirs américains. La question noire revient au premier plan de l'actualité aux États-Unis. Cette communauté se replie sur son identité.
"Question
Oncle Sam, je suis un Noir d'Alabama
Tu m'as demandé de prendre ce fusil
Pour toi et la liberté
Mais oncle Sam, et moi dans tout ça?
Je suis un Noir d'Alabama
Et si je reviens de cette guerre pour la liberté
Pourrais-je en rapporter un peu chez moi en Alabama?"

Charles L. Anderson. Poète noir américain, né en Californie en 1938. New sum of poetry from the negro world. Revue Présence Africaine, N° 57, Paris, 1996.
Brûlante actualité
En avril 1992, à Los Angeles, des policiers blancs, jugés pour avoir violemment battu un Noir arrêté pour excès de vitesse, sont acquittés par les jurés blancs du tribunal. L'émeute est la réaction immédiate. Pendant deux jours, la capitale de la côte ouest vit une quasi-guerre civile entre la communauté noire et la police. Une quarantaine de personnes sont tuées.
En 1995, le procès de O.J. Simpson, célèbre joueur noir de football américain et vedette de télévision, accusé du meurtre de sa femme blanche et acquitté, repropulse sur le devant de la scène l'actualité de la question noir aux États-Unis.

De l'esclavage à Martin Luther King
L'histoire des États-Unis est indissociable de celle de l'esclavage des Noirs dans le sud de l'Union. Dès le XVIIIe siècle, le mouvement abolitionniste prend de l'essor à mesure que croissent les tensions économiques entre un Nord industriel et un Sud agricole qui a besoin des esclaves pour le travail du coton. D'importantes révoltes d'esclaves ponctuent l'histoire de la construction des États-Unis. Des alliances se sont même nouées entre esclaves noirs en fuite et Indiens, unis dans une même haine de l'homme blanc.
La guerre de Sécession (1861 - 1865) permet l'émancipation des esclaves par Abraham Lincoln. Ils sont certes émancipés en droit mais la ségrégation raciale vient recouvrir la ségrégation sociale pour une population noire misérable. Les anciens esclavagistes se retouvent au sein du Ku Klux Klan, société secrète fondée dans le Tennessee en 1865, destinée à terroriser les Noirs. Il
"I have a dream"

Martin Luther King a prononcé, le 28 août 1963, cette phrase devenue célèbre à l'occasion de la Marche sur Washington: "J'ai fait un rève. Je rêve qu'un jour sur les rouges collines de Géorgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens maîtres pourront s'assoir ensemble à la table de la fraternité".Martin Luther King est assassiné le 4 Avril 1968 à Memphis.

faudra attendre les années 1960 et les divers mouvements noirs américains, pacifistes ou violents, du pasteur Martin Luther King (prix Nobel de la paix 1964), de Malcom X (homme politique assassiné en février 1965) ou des Black Panthers, luttant pour les droits civiques, pour que l'égalité des droits soit enfin reconnue aux citoyens noirs américains.

Du melting-pot au repli communautaire
Si l'égalité des droits est aujourd'hui formellement acquise, les différences sociales marginalisent dans d'immenses ghettos les groupes ethniques pauvres. L'Amérique du Nord voit se développer dans un climat croissant de violence urbaine une juxtaposition de communautés ethniques pour lesquelles le melting-pot n'opère plus. À la revendication des droits civiques succède désormais une rétraction défensive et communautariste qui menace la cohésion de la société américaine. Un mouvement comme celui de Lewis Farakhan, Nation of Islam, loin de prôner l'intégration, milite pour une identité noire inscrite dans l'Islam et violemment teintée d'antisémitisme. En 1988, le pasteur noir Jesse Jackson est candidat à la présidence des États-Unis. Pour la première fois, la "deuxième Amérique" s'affirme au plus haut niveau du débat américain. En trois siècles, trois millions d'Africains déportés depuis leur terre d'origine ont fait la richesse et la puissance des États-Unis par leur travail forcé.

Les États-Unis n'ont pas encore réussi à intégrer les descendants des esclaves affranchis après la guerre de Sécession. Le repli des communautés ethniques menace l'idée même de nation.

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