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Jacques Tarnero:
Le racisme (19)
ISBN 2.84113.279.X © Éditions Milan 1995
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Nous remercions Jacques Tarnero et les Éditions Milan de nous avoir autorisés à reproduire ces textes.

Islamisme radical et intégrismes au Proche-Orient

Les doctrinaires de l'islamisme radical font de la haine du non-musulman une profession de foi et de la mise à mort de l'infidèle le chemin du paradis.
En Israël, un intégrisme religieux nourrit le fanatisme politique des colons juifs, hostiles au processus de paix naissant entre Israéliens et Palestiniens.
"Nous paverons la route du paradis avec le crâne des Juifs". Banderole du mouvement islamiste Hamas à Gaza. Libération, 17-18 décembre 1994.
"Sur ordre de Dieu"
Comment penser l'affaire Taslima Nasreen, écrivain du Bengladesh, condamnée à mort par les intégristes musulmans de son pays, ou celle de Salman Rushdie, écrivain britannique d'origine musulmane et indienne, condamné à mort par une fatwa (un décret coranique)? Ces évènements mettent en lumière la violence meurtrière de ceux qui veulent la disparition de l'autre au nom d'un rapport à l'islam différent du dogme intégriste, ou de son origine religieuse non-musulmane.
Au Proche-Orient, terre trois fois sainte, toutes les passions religieuses se trouvent exacerbées. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'éveil du nationalisme arabe veut s'affranchir des tutelles européennes au Maghreb et au Proche-Orient. La naissance de l'État d'Israël en 1948 cristallise l'hostilité du monde arabe qui y voit une figure substitutive de la colonisation.
La révolution iranienne en 1979 et l'échec des modèles laïcs dans le monde arabe favorisent le fondamentalisme musulman. Symétriquement émergent en Israël des formes d'extrémisme religieux. Ce qui conduit un colon juif d'extrême droite, appartenant au groupe raciste Kach, à massacrer, en février 1994, des Palestiniens priant dans le caveau des Patriarches à Hebron. L'actuel processus de paix engagé entre Israël et l'OLP (Organisation de Libération de la Palestine) est doublement menacé par les intégrismes juif et musulman. En novembre 1995, Yitzhak Rabin, Premier ministre d'Israël, est assassiné par un militant juif d'extrême droite.

La guerre sainte: crime contre l'humanité?
Le crime contre l'humanité est défini comme la volonté, délibérée et réfléchie, d'un État de mettre à mort des populations civiles à cause de leurs opinions politiques, de leur origine ethnique ou religieuse. Dans ce cas, la question de la guerre sainte, de son projet politique et de la qualité de son incrimination mérite d'être posée pour la part de racisme qu'elle contient.
Algérie: les "combattants de l'islam"
En Algérie, les non-musulmans sont la cible des islamistes du GIA (Groupe islamiste armé) ou du FIS (Front islamique du Salut). Dénoncés comme "croisés" ou "sionistes", les quelques religieux chrétiens ou les quelques juifs qui restent en Algérie sont les victimes de ceux qui s'autoproclament "combattants de l'islam".
Démocrates, intellectuels, journalistes, universitaires algériens qui n'acceptent pas le diktat islamiste sont aussi assassinés, tout comme les femmes qui refusent de porter le hijeb, le voile islamique. Accusés d'être "mécréants", donc d'avoir quitté la loi coranique, il devient légitime pour les fanatiques de les condamner à mort et de les exécuter.

L'intégrisme musulman: l'échec de la démocratie
Cette perversion totalitaire de la religion musulmane prend ses racines dans l'échec des régimes arabo-musulmans de n'avoir pas su construire des États de droit dans la période post-coloniale. Le modèle révolutionnaire incarné par les partis de Nasser ou de Baas (mouvements nationaux arabes anti-colonialistes) ayant échoué, celui de la révolution islamique à l'iranienne s'y est substitué.
Le conflit israélo-palestinien a accru la dimension symbolique de l'affrontement de civilisation entre Occident et monde arabe. La diabolisation d'Israël, entretenue par les islamistes, fait du qualificatif "sioniste", le mot qu'ils exècrent au plus haut point.
Certains en Europe s'acharnent à trouver dans l'intégrisme musulman la substitution des luttes tiers-mondistes (Vietnam et Algérie) des années 60. On peut craindre que l'islamisme du GIA ou du FIS n'émancipe l'Algérie aussi sûrement que le stalinisme émancipa en son temps la classe ouvrière!

C'est au nom d'un dieu parent, issu de la même tradition abrahamique, que les fanatismes meurtriers prolifèrent au Proche-Orient.

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