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Jacques Tarnero:
Le racisme (20)
ISBN 2.84113.279.X © Éditions Milan 1995
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Nous remercions Jacques Tarnero et les Éditions Milan de nous avoir autorisés à reproduire ces textes.

Ex-URSS: nouveau nationalisme raciste

C'est dans une tragédie à répétition que se lit l'histoire de la Russie: aux systèmes dictatoriaux succède la montée des périls xénophobes.
Les "Protocoles"

La tradition antisémite à l'Est ne date pas d'hier ou de l'effondrement du socialisme en URSS. Dans la Russie tsariste, les pogroms sont nombreux au début du XXe siècle. "Les Protocoles" sont un faux rédigé par la police secrète du tsar, l'Okrana, qui présente un projet de conspiration juive pour conquérir le monde. Les débuts de la révolution russe et l'organisation d'un movement ouvrier juif autonome, le Bund, ne font qu'exacerber la fureur antijuive des armées blanches. Les "Protocoles" demeurent aujourd'hui encore une source d'inspiration non seulement pour les nostalgiques du tsar et de Staline mais aussi pour nombre de pouvoirs arabes.

Résurgences xénophobes et antisémites
Dans les pays autrefois sous tutelle soviétique, dans l'ex-URSS, cohabitent plus d'une centaine de nationalités, de peuples aux religions et langues différentes. L'effondrement du système communiste en 1989 a ravivé toutes les tensions inter-ethniques, religieuses ou linguistiques qui y préexistaient. Si le communisme a disparu, la volonté hégémonique de la Russie sur l'ancien empire ne s'est pas pour autant atténuée. En Russie fleurit sur les décombres de l'ancien système le retour du racisme, de la xénophobie et l'antisémitisme. Un amalgame idéologique "rouge et brun" s'est construit entre anciens communistes et néo-fascistes. Des partis, minoritaires, comme le mouvement "Pamiat" de Dimitri Vassiliev, professent une haine des Juifs forcenée, directement inspirée par la nostalgie de la Russie tsariste. Le parti de Vladimir Jirinovski énonce ouvertement un bellicisme nationaliste et xénophobe.

Tradition anti-juive
Les minorités nationales, culturelles ou religieuses ont toujours eu à subir le joug du pouvoir russe. Les Juifs, victimes du temps des tsars de la terreur des cosaques ou la police tsariste, ont de nouveau été la cible de la terreur stalinienne au nom de la dénonciation du "cosmopolitisme sans patrie" ou de "l'impérialisme sioniste". En 1952, à Prague, le procès Slansky, puis en 1953, en URSS, le procès des "blouses blanches", dénonçant tous deux de prétendues conjurations juives, marquent l'apogée de l'antisémitisme stalinien. Staline meurt en 1953 avant d'avoir pu mettre en route un vaste projet de déportation des Juifs russes vers l'est. En 1956, au XXe congrès du Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS), la publication du Rapport Krouchtchev sur les crimes de Staline modifie les énoncés de l'antisémitisme soviétique: il s'inscrit désormais dans la rhétorique antisioniste et anti-israélienne. La libéralisation insufflée par Krouchtchev dans les années 60 favorise simultanément la publication d'ouvrages antisémites dignes du nazisme, couverts par l'Académie des sciences, tel Le judaïsme sans fard (1963) de Trofim Kitchko. Brejnev et ses successeurs ne démentent pas, au contraire, cette tradition antijuive. Celle-ci est même renforcée par le soutien soviétique au camp arabe dans sa confrontation avec Israël. En Mai 1971, la Komsomolskaïa Pravda, la presse des Jeunesses communistes, ose publier: "Les sionistes devraient élever un monument à Hitler car c'est précisément le dément Führer qui a posé le dogme de base du sionisme: l'existence d'un peuple juif mondial, d'une race juive". En novembre 1975, un sommet est atteint avec le vote à l'assemblée générale des Nations unies, à l'instigation de l'URSS et des États arabes, d'une motion assimilant le "sionisme au racisme et à la discrimination raciale".

Perestroïka
Il faudra attendre la politique de perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev, la chute du mur de Berlin en 1989, la disparition de l'URSS en tant qu'entité politique et la venue au pouvoir de Boris Eltsine en 1991 pour qu'explosent à la fois les dogmes officiels mais aussi la xénophobie traditionelle d'inspiration nationaliste.

Dans les pays de l'ex-bloc communiste, et notamment dans l'ex-URSS, le réveil des questions nationales et identitaires engendre un retour des nationalismes xénophobes.

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