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Jacques Tarnero:
Le racisme (22)
ISBN 2.84113.279.X © Éditions Milan 1995
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Nous remercions Jacques Tarnero et les Éditions Milan de nous avoir autorisés à reproduire ces textes.

L'ethnocide au Tibet

Le malheureux yéti n'est pas le pire des abominables hommes des neiges du Tibet, envahi par les troupes chinoises dès 1950. En 1989, le dalaï-lama reçoit le prix Nobel de la paix.
Pouvoir de l'Himalaya

La force spirituelle du toit du monde -- l'Himalaya est nommée "la mère de la terre" -- nargue le matérialisme, communisto-capitaliste, des dirigeants chinois.

Pays des neiges et de la spiritualité
De Alexandra David-Neel à Hergé, le Tibet en a inspiré plus d'un en quête de spiritualité comme si la proximité du ciel, au pays des neiges éternelles, élevait l'âme de ses visiteurs réels ou imaginaires. Mao Tsé-Toung n'avait probablement pas cette même attirance confirmant la prophétie du treizième dalaï-lama en 1933: "Il pourrait arriver qu'ici dans le centre du Tibet, la religion et l'administration séculière soient attaquées à la fois de l'extérieur et de l'intérieur... Tous les êtres traverseront de terribles épreuves et seront envahis par la peur; les jours et les nuits s'étireront lentement dans la souffrance."

L'invasion chinoise
En octobre 1950, l'armée chinoise franchit la frontière et envahit le Tibet dans l'indifférence du reste du monde. Sous la botte chinoise, le Tibet est contraint en 1951 de reconnaître qu'il est partie intégrante de la Chine. Les premières promesses de respect de la culture et de la religion tibétaines ne sont pas tenues par l'occupant, qui menace même la vie du dalaï-lama, le chef spirituel. Une répression féroce en 1959 brise toute velléité de résistance armée. La "Révolution culturelle" chinoise de 1966 achève de saccager le patrimoine spirituel du pays. Des siècles de vie religieuse sont ainsi profanés et réduits à néant par le triomphe de l'obscurantisme maoïste. La quasi-totalité des monastères (environ 6 000) sont ainsi détruits ou pillés. La destruction du pays continue par la famine, conséquence directe de la réorganisation forcée de l'agriculture sur le modèle chinois. C'est certainement en centaines de milliers de morts que se dénombrent les victimes tibétaines.

"Au centre du ciel
Au coeur du continent
Ceinture de neige
Tête de tous les fleuves
Terre pure des hautes montagnes
Où les hommes sont nés sages et héros"

Manuscrit tibétain du VIIIe siècle.
Civilisation en voie de disparition
Les raisons de la conquête chinoise sont multiples, économiques et stratégiques. Elles sont aussi liées à l'importance du défi de civilisation que le Tibet lance à la Chine et au monde. C'est bien la spiritualité du Tibet que les héritiers de Mao, fussent-ils aujourd'hui capitalistes, veulent avant tout anéantir.
L'occupation du Tibet se transforme à présent en ethnocide du peuple tibétain, devenu étranger et minoritaire sur sa propre terre. La stérilisation forcée des femmes tibétaines, la déportation massive des populations et l'implantation en nombre de Chinois ont bouleversé la composition démographique du pays. C'est bien une civilisation qui est en train d'être détruite par la force et l'imposition d'une population et d'une culture étrangères.

Chronique d'une mort annoncée
Depuis le massacre de la place Tien An Men à Pékin en juin 1989, quand l'armée chinoise a tiré sur sa propre jeunesse dissidente, les espoirs de libéralisation dans l'"Empire du milieu" sont au point mort, même si des alibis sont produits à destination des capitales occidentales, avides du gigantesque marché chinois. La sinisation du Tibet semble inexorable, entraînant la mort de l'immense richesse culturelle de ce petit peuple. Le prix Nobel de la paix remis au quatorzième dalaï-lama en décembre 1989 serait-il le seul geste dont seraient capables des hommes apparemment épris de justice? Il ne resterait aux Tibétains qu'une épitaphe sur leur tombe.

Depuis 1950, les Chinois occupent le Tibet. Après s'être attaqués à la spiritualité du pays des neiges, la Chine communiste est en train de détruire sa civilisation et sa culture. On parle d'ethnocide du peuple tibétain.

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